Une équipe de médecins suédois a fait état d’une réalisation remarquable dans le domaine de la médecine de la reproduction : la première naissance d’un petit garçon en bonne santé à la suite d’une transplantation d’utérus réalisée entièrement par chirurgie assistée par robot, tant chez la donneuse que chez la receveuse.
Le bébé, né par césarienne programmée, pesait 3,1 kg et mesurait 49 cm. Il est le fils d’une femme de 35 ans qui a reçu un utérus d’une parente, laquelle se porte bien. La transplantation a eu lieu à l’hôpital universitaire Sahlgrenska de Göteborg, en Suède, en octobre 2021.
La nouveauté de ce cas réside dans la méthode chirurgicale utilisée pour la transplantation. Contrairement aux cas précédents, où il s’agissait d’une chirurgie ouverte, cette fois-ci, le donneur et le receveur ont été opérés par chirurgie laparoscopique assistée par robot, également connue sous le nom de chirurgie robotisée. Cette technique est considérée comme moins invasive et plus précise que la chirurgie ouverte traditionnelle, et il a été démontré qu’elle réduit les risques d’infection et d’hémorragie, et qu’elle accélère le rétablissement.
La chirurgie robotique consiste à insérer des caméras et des bras robotisés munis d’instruments chirurgicaux par de petites incisions dans l’abdomen. Les chirurgiens contrôlent ensuite les bras robotisés à partir de consoles, où ils peuvent voir des images en 3D et effectuer des manœuvres délicates. L’utérus de la donneuse a été retiré étape par étape avec l’aide d’un robot, puis détaché de ses vaisseaux sanguins et retiré par voie vaginale dans une poche laparoscopique. L’utérus a ensuite été inséré dans le bassin de la femme receveuse par une petite incision ; il a d’abord été cousu aux vaisseaux sanguins, puis au vagin et au tissu de soutien, le tout avec l’assistance d’un robot.
Dix mois après la transplantation, un embryon créé par fécondation in vitro (FIV) avant la transplantation a été transféré dans l’utérus transplanté, et la grossesse a été confirmée quelques semaines plus tard. La grossesse s’est déroulée sans incident et la mère s’est sentie bien tout au long de la grossesse.
Niclas Kvarnstrom, le chirurgien chargé de la transplantation dans le cadre du projet de recherche, a déclaré : “La technique assistée par robot permet d’effectuer des interventions qui étaient auparavant considérées comme impossibles à réaliser avec une chirurgie classique par petite incision. C’est un privilège de participer à l’évolution de ce domaine, l’objectif global étant de minimiser le traumatisme causé au patient par l’opération”.
La transplantation d’utérus est une option thérapeutique pour les femmes souffrant d’infertilité absolue due à un facteur utérin (IAFU), ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas concevoir ou porter une grossesse en raison d’une absence ou d’une malformation congénitale ou acquise de l’utérus. On estime que l’IAFU touche une femme sur 500 en âge de procréer dans le monde.
La première naissance réussie après une transplantation d’utérus a eu lieu en Suède en 2014, suivie de plusieurs autres dans différents pays. Cependant, c’est la première fois que la chirurgie robotique est utilisée à la fois pour la donneuse et la receveuse.
L’hystérectomie de la donneuse assistée par robot a été proposée comme moyen d’améliorer la transplantation d’utérus, en particulier parce qu’elle offre des avantages cosmétiques et moins de traumatisme chirurgical aux donneuses qui sont généralement des parents ou des amis des receveuses.
Ce cas démontre la faisabilité et la sécurité de la chirurgie robotique pour la transplantation d’utérus et ouvre de nouvelles possibilités pour faire progresser ce domaine de la médecine reproductive.